La prostitution « bizi » en ligne au Bénin

Article : La prostitution « bizi » en ligne au Bénin
Crédit: Crédit : © Tomas Castelazo, www.tomascastelazo.com / Wikimedia Commons / CC BY-SA 3.0
27 août 2024

La prostitution « bizi » en ligne au Bénin

Les réseaux sociaux sont le moyen les plus efficaces pour passer rapidement un message, mais aussi pour élargir toute forme de business. La prostitution en fait partie.

Une étude ésotérique a prouvé que 60% des femmes/filles se jettent dans la prostitution. Ce sont des filles de moins de 20 ans et femmes de 40 ans au plus avec des enfants, tandis qu’environ 35% sont mariées mais séparées. « Je te présente mes prix pour éviter toute autre discussion parfois fâcheuse après. 1h = 5 000 ; 2h = 7 500 francs ; 3h = 10 000 francs ; la nuitée = 15 000 francs CFA. Je prends une avance de 2 000 francs pour garantir le programme. C’est ainsi que je fonctionne. » Ainsi se présente le tarif de prestation de Folakè, 26 ans, mère célibataire et travailleuse de sexe.

Tout comme Folakè, elles sont des milliers à avoir inondé la toile et à profiter de l’avancée technologique pour « moderniser » leur « profession ». Et cette nouvelle forme de prostitution virtuelle a occasionné le dépeuplement des lieux hots souvent connus dans la ville de Cotonou. Au quartier Vodjè, au carrefour Gbégamè et même au quartier Jonquet, lieu célèbre des travailleuses de sexe dans la ville de Cotonou, l’affluence est désormais moins. Les quelques rares retrouvées sont celles qui n’ont pas, en majorité, un téléphone Android pour mieux jouir des avantages technologiques.

Tarif du métier
Crédit : EmmanuelCodjo – WhatsApp emmanuelcodjo – Tarif du métier

Les réseaux sociaux et les groupes WhatsApp

Leur stratégie consiste à infiltrer les différents groupes (peu importe l’objectif de ces groupes) ou à en créer pour mieux les gérer. Une fois dans les groupes, soutient Achakè, une e-travailleuse de sexe, on scrute la liste des membres du groupe, on cible et on entame les échanges. Les premiers échanges situent déjà sur la personnalité. Si elle est du genre à accepter un tel service ou pas. Si favorable, on évolue dans la discussion et on conclut l’affaire. S’il est d’une conviction contraire, on abandonne l’échange aux premiers mots. En principe, une coach en cohésion familiale, elle affirme que, un tel développement du commerce de sexe sur les réseaux sociaux ne devrait plus surprendre aujourd’hui. Pour elle, tout se déroule sur le net et la prostitution s’est également octroyée sa part. Le simple fait de se cacher derrière un numéro et derrière son écran de téléphone permet à ces personnes, femmes comme hommes de tout âge, d’asseoir leur « commerce de sexe » qui est quand même une atteinte aux principes culturels du Bénin.

Selon un sociologue Béninois, c’est un désordre social et un drame culturel qu’il faut vite stopper. Même réaction chez l’un des juristes qui ajoute que la pratique porte atteinte à l’ordre public, à savoir la moralité publique et la dignité de la personne humaine. L’ordre social et les us et coutumes africains sont mis à l’épreuve car il est de tradition chez nous, que dans une relation sentimentale entre deux personnes, ce sont les personnes de sexes masculins qui font les premiers pas et non l’inverse. Et le sexe revêt toujours un caractère sacré, mais au moment où certains s’offusquent de cette pratique, d’autres s’en régalent et ne s’en privent aucunement. Selon un fonctionnaire d’État, il soutient que ces « travailleuses de sexe virtuelles » lui permettent de bénéficier des services d’une escorte girl à moindre coût. « Je me soulage, je m’évade et le stress est rangé de côté. Plus de bavardage, plus de protocoles. Tout est si pratique et rapide », argumente-t-il.

Le législateur béninois a pourtant mis les barrières

Aujourd’hui au Bénin, la prostitution en ligne est en plein boom. Difficile de savoir qui est qui et qui veut vraiment faire quoi. Et en l’état actuel des choses, ce sont les femmes qui, via les réseaux sociaux, harcèlent et proposent toutes sortes de clichés à des hommes qu’elles ne connaissent même pas parfois. Des actes et comportements qui, selon Trecia la religieuse, qu’il s’agit tout simplement d’une dévaluation accrue de la femme jadis considérée comme une minière d’or. Mais sur le plan juridique, les auteurs de ces actes encourent de lourdes peines au regard des dispositions législatives en vigueur en République du Bénin. Le Code pénal béninois en ses articles 988-989 qualifient ces comportements de racolage et d’atteinte à l’hygiène ou de prostitution. Et l’article 988 et suivants, définissent les peines allant de six mois d’emprisonnement à cinq ans, d’une amende selon les faits et la confiscation même de certains objets à ce sujet.

C’est le code du numérique en République du Bénin qui réprime sévèrement un tel acte. L’article 524 de la loi N° 2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique en République du Bénin dispose que « les agressions sexuelles autres que le viol sont punies de dix (10) ans d’emprisonnement et vingt-cinq millions (25 000 000) de francs CFA d’amende lorsque la victime a été mise en contact avec l’auteur des faits au moyen d’un ou sur un réseau de communication électronique ou un système informatique ». Une disposition qui semble ne pas émousser les ardeurs des auteurs qui soutiennent être en phase avec les exigences de leur génération.

L’impuissance de la brigade des mœurs

Au-delà des textes déjà en vigueur, les dirigeants béninois, soucieux de la préservation des valeurs culturelles et cultuelles du pays, ont mis en place une brigade des mœurs. Animée par des agents hautement qualifiés et déterminés pour la cause, cette brigade lutte contre toute pratique qui va à l’encontre des mœurs. Elle est donc « le gardien des mœurs » et est qualifiée pour réprimer les auteurs et actes de la prostitution virtuelle. Mais si les attributs de cette brigade sont bien clairs, elle manque cruellement de moyens adéquats pour mener à bien sa mission. Et pour le commandant adjoint de cette brigade, le personnel, bien que qualifié, est bien impuissant face à l’avancée de cette forme de prostitution dans le pays. « Nous n’avons pas les moyens informatiques et électroniques adéquats. Nous nous rabattons parfois sur les opérateurs GSM et la collaboration avec l’ARCEP n’est pas aussi effective comme on l’aurait souhaité. » suivant les propos du commandant adjoint, des plaintes des personnes harcelées par moyens électroniques. Mais, assure-t-il, les rares cas qui sont signalés connaissent la procédure normale jusqu’à la présentation des présumés auteurs devant le procureur.

Le numérique a profondément transformé de nombreux aspects de la société, y compris des activités illicites comme la prostitution. Au Bénin, comme dans d’autres pays, l’usage des technologies numériques a facilité certaines pratiques liées à la prostitution, qui est en pleine expansion dans le pays. Cependant, plusieurs défis doivent être relevés pour réguler et lutter contre ces pratiques. Cela nécessite des outils de gestion et de régulation du numérique pour identifier et démanteler les réseaux impliqués.

La protection des victimes est également cruciale. Il est essentiel de mettre en place des mesures pour protéger les victimes de l’exploitation sexuelle en ligne et leur offrir des voies de sortie et de soutien. La pratique évolue rapidement via les réseaux sociaux, ce qui affecte l’éducation des enfants et compromet leur avenir.

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Commentaires

Freddy
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C'est pas croyable 🤭