Bénin : Pionnier dans l’élaboration des lois pour la protection de l’environnement

Article : Bénin : Pionnier dans l’élaboration des lois pour la protection de l’environnement
Crédit: Emmanuelcodjo
4 septembre 2024

Bénin : Pionnier dans l’élaboration des lois pour la protection de l’environnement

La loi sur la protection de l’environnement au Bénin, adoptée il y a quelques années déjà, marque une étape cruciale dans la lutte contre la dégradation environnementale et le changement climatique. Cette législation, connue sous le nom de Loi N° 2018-18, vise à promouvoir des pratiques durables pour restaurer les terres et les écosystèmes forestiers dégradés.

lois sur la restauration de la nature
Crédit : Emmanuelcodjo/lois sur la protection de l’environnement au Bénin

Le Bénin, comme de nombreux pays africains, fait face à des défis environnementaux majeurs. Environ 37,36% du territoire national est reconnu comme étant dégradé, ce qui affecte directement la productivité agricole et la biodiversité. La dégradation des terres est exacerbée par l’utilisation abusive des intrants chimiques et la conversion des forêts en terres agricoles, entraînant une perte significative de la couverture forestière et une diminution des services écosystémiques essentiels. Pour répondre à ces défis, le gouvernement béninois, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), a lancé le Projet Intégré de Restauration et d’Amélioration de la Valeur des Terres et des Écosystèmes Forestiers Dégradés (PIRVaTEFoD-Bénin). Ce projet vise à restaurer 15 000 hectares de terres et 15 000 hectares de forêts dégradées, tout en impliquant directement 24 000 producteurs, dont au moins 10 000 femmes.

La loi N° 2018-18 met également l’accent sur l’adaptation et l’atténuation des effets du changement climatique

Elle encourage la mise en place de chaînes de valeur résilientes au climat et sensibles au genre, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté. En outre, cette législation s’inscrit dans le cadre des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) du Bénin, qui définissent les objectifs du pays en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux impacts climatiques. En renforçant son arsenal juridique et législatif, le Bénin démontre son engagement à protéger son environnement et à promouvoir un développement durable. La mise en œuvre de cette loi et des projets associés est essentielle pour garantir la résilience des communautés locales face aux défis environnementaux et climatiques. 

Intervenant Saturnin et Pulchérie
Crédit : Saturnin BOSSOU & Pulchérie ADJOHA intervenants

En renforçant son arsenal juridique et législatif, le Bénin démontre son engagement à protéger son environnement et à promouvoir un développement durable. La mise en œuvre de cette loi et des projets associés est essentielle pour garantir la résilience des communautés locales face aux défis environnementaux et climatiques. Selon Saturnin BOSSOU, activiste engagé pour l’environnement et la biodiversité, « Oui, le Bénin a récemment renforcé son cadre juridique pour la protection de l’environnement, affirmant ainsi son engagement face aux défis environnementaux mondiaux. Ces lois couvrent la conservation de la biodiversité, la gestion des ressources naturelles et la lutte contre la pollution, témoignant d’une volonté politique de s’assurer un développement durable. Cependant, la route vers une application rigoureuse et équitable reste encore longue, et cela demeure un défi majeur. Bien que des efforts aient été faits pour renforcer les institutions et sensibiliser le public, l’insuffisance de moyens, le manque de coordination entre les acteurs et le suivi rigoureux de l’application de ces lois freinent leur mise en œuvre efficace. Pour que ces lois aient un impact réel, il est crucial d’améliorer la transparence, de renforcer les capacités locales et de promouvoir une plus grande implication des communautés locales dans la gestion de leur environnement. Il est également nécessaire que le gouvernement béninois intègre dans le programme éducatif un volet d’éducation environnementale visant à former les enfants sur ces lois, et que les agents des eaux et forêts appliquent ces lois. » D’une façon plus avancée sur ce sujet l’activiste partage également son témoignage vivant, montrant que plusieurs actions des communautés locales béninoises épuisent les ressources naturelles. Il donne l’exemple des chasseurs qui tuent les animaux sans aucune approbation des autorités gouvernementales, alors que l’article N°7 du décret N°2011-394 du 28 Mai 2011 les protège intégralement. L’application de cet article reste encore insuffisante, et parmi ces espèces intégralement protégées, on remarque que beaucoup sont encore exposées dans les marchés ou vendues au bord des routes, ce qui ne devrait pas être le cas.

À travers ces actions qui touchent à la destruction de la biodiversité, le Bénin, bien qu’acteur de l’élaboration des lois et des décrets, voit leur application se faire de manière superficielle. Dans ce travail d’investigation sur l’application des lois sur la restauration de la nature, nous nous sommes rapprochés de la journaliste environnementaliste Pulchérie ADJOHA qui, selon elle, le Bénin est très avancé en matière de législation et de conventions sur l’environnement  »Nous disposons de plusieurs lois, notamment sur la protection de l’environnement, les changements climatiques, et l’interdiction des sachets plastiques non biodégradables. Le Bénin est également signataire d’au moins 21 accords multilatéraux sur l’environnement. Cependant, le grand défi réside dans l’application de ces lois. Par exemple, la loi n°2017-39 du 26 décembre 2017, portant interdiction de la production, de l’importation, de l’exportation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables en République du Bénin, prévoit des peines d’amende et d’emprisonnement dans ses articles 12 à 17. Pourtant, les sachets plastiques continuent de courir les rues de Cotonou, et les vendeurs se multiplient. Au-delà des lois, nous disposons de plusieurs documents stratégiques pour lutter contre les changements climatiques et protéger l’environnement. Cependant, la mise en œuvre de ces stratégies progresse lentement. Si le Bénin parvient à appliquer toutes ces lois et stratégies politiques sur l’environnement, les défis environnementaux seraient considérablement réduits. Il faut reconnaître que ces lois et documents stratégiques nous positionnent sur la scène internationale et nous permettent d’accéder à certains avantages. Cependant, leur impact à  l’interne reste encore faible » comme l’indique ici Loi Cadre sur l’Environnement en République du Bénin

loi sur la restauration de la nature au Bénin
La loi sur la restauration de la nature au Bénin

La loi sur la restauration de la nature au Bénin représente une avancée significative dans la gestion durable des ressources naturelles. Elle offre un cadre solide pour la restauration des terres et des écosystèmes, tout en soutenant les communautés locales dans leur adaptation aux changements climatiques. Cependant, l’application de cette loi reste un défi majeur. Adopter des décrets et voter des lois est une étape importante, mais leur mise en œuvre nécessite des actions concrètes et des décisions pratiques. Il est crucial de susciter l’engagement des citoyens béninois, qui sont environ 12 millions, avec une jeunesse particulièrement engagée dans la lutte contre les changements climatiques. Pour que cette loi ait un impact réel, il est essentiel de renforcer la sensibilisation, d’améliorer la coordination entre les acteurs et de garantir un suivi rigoureux de son application.

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Commentaires

BOSSOU Sathurnin
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Bravo et merci à toi Emmanuel pour cet article 👏🏻👏🏻 Je suis très ravi d'y avoir participé 🥰 Ensemble pour un monde plus vert et plus durable 💪🏻🌏💚💚💚